Une entreprise qui ne connaît pas la crise
Par 2sous le dimanche 19 octobre 2008, à 07h09 - Finances - Lien permanent
La crise nous a appris une chose, d'un côté il y a l'économie « réelle » avec récession, chômage, pouvoir d'achat en berne... et de l'autre côté il y a l'économie financière où le public se doit d'injecter des milliards d'euros pour restaurer la confiance. Pour les projets de l'agglomération lilloise, il en est de même. Les élus s'insurgent contre le désengagement de l'État dans les finances locales et crient à qui veut bien les entendre que leurs priorités sont le logement, l'emploi et les transports mais que la conjoncture est bien mauvaise. Ça, c'est pour l'économie « réelle ». Et il y a le projet que rien ne peut arrêter, le Grand Stade. Eiffage, le constructeur a chuté en bourse de 63% en un an ; Partouche, le sponsor du club de foot a chuté de 68% (chiffres du 16-10-08) ; les grandes banques européennes n'ont plus de liquidités. Tout ceci n'a aucune importance, il faut instaurer la confiance ! On est donc prié de croire que le Grand Stade sera un projet formidable, source merveilleuse de richesses et de rayonnement.
Dominique Baert, le grand argentier de LMCU avait tiré la sonnette d'alarme lors du vote du budget 2008. Il annonçait dès 2007 (bien avant la crise) que la communauté urbaine était en difficultés financières et qu'elle ne pourrait pas réaliser tous ses projets. Le 1er février 2008, il refuse de prendre part au vote sur l'attributaire du PPP. Lors du vote définitif sur le choix d'Eiffage le 25 septembre 2008, il présente le montage financier du projet Grand Stade mais en oubliant cette fois de rappeler le contexte financier difficile. Le projet Grand Stade a définitivement quitté notre pauvre économie du quotidien pour des cieux plus joyeux. Atterrissage, quelques jours plus tard, dans un article de la Gazette des communes (16-10-08) :
Pour Dominique Baert, vice-président (PS) en charge des finances à la communauté urbaine de Lille, d'autres soucis vont apparaître : "l'argent va devenir plus cher, il va donc ponctionner les capacités d'autofinancement. Et si on réduit ces capacités, les collectivités vont réduire leurs programmes d'investissements".
Eh oui, dans l'économie « réelle », l'argent devient vraiment cher alors que, c'est bien connu, dans l'économie du Grand Stade l'argent n'a pas de prix !